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L’économie du développement refait surface à Porto Alegre

5 Feb 2003



Laurence Caramel, envoyée spéciale du quotidien français à grand tirage Le Monde au Forum social mondial de Porto Alegre, Brésil, fait part de commentaires receuillis auprès du Directeur de l'Unrisd, Thandika Mkandawire, au cours de la réunion. Des extraits de son article figurant dans l'édition du Monde économie du 11 février 2002 sont reproduits ci-après. Dans ses commentaires M. Mkandawire critique l'ubiquité du paradigme néolibéral orthodoxe actuel.

« Depuis vingt ans, la question du développement, en tant que tel, a disparu au profit de priorités données à la stabilisation et à l’ajustement. Or je crois que cette vision a failli et que nous devons la corriger. C’est pour cela que nous sommes là. Nous voulons montrer qu’il est possible de faire des analyses économiques rigoureuses sans être orthodoxes », explique Thandika Mkandawire, directeur de l'UNRISD.

Le patron de l ‘Unrisd décline trois arguments témoignant, selon lui, de l’échec des politiques défendues par les institutions financières. Premièrement : la croissance. Depuis 1980, les performances ont été inférieures à celles des décennies 1960-1970, périodes de forte intervention de l’Etat. Et les flux de capitaux qui devaient apporter de nouvelles ressources aux pays en développement ont en réalité été très volatils et très sélectifs. Selon lui, cette promesse a conduit la plupart des Etats à abaisser leur fiscalité en se privant de revenues qui auraient pu permettre de financer des dépenses sociales. Deuxièmement : la démocratisation. Si elle a été proclamée dans beaucoup de pays, elle aurait, pour M. Mkandawire, un caractère illusoire puisque les Etats, du fait de la globalisation, n’ont plus, en réalité, le choix de leurs politiques économiques. Enfin, la réduction des inégalités. Toutes les études le montrent : l’écart entre riches et pauvres n’a cessé de se creuser au cours des dernières décennies, conduisant des institutions dont cela n’a jamais été la mission, comme le FMI, à déclarer, elles aussi, la lutte contre la pauvreté. M. Mkandawire se montre cependant peu optimiste sur la capacité des grandes institutions à changer de cap. « Seule une crise économique majeure touchant le cœur de l’économie mondiale pourrait vraiment les contraindre à bouger », prédit-il.