Depuis la première moitié du dix-neuvième siècle, sont apparus sous des formes diverses des propositions et des projets visant à assurer un développement local solidaire par un mécanisme monétaire et financier. On les aborde aujourd’hui sous la dénomination de “microcrédit solidaire” et monnaies “complémentaires, alternatives, citoyennes ou sociales”. De façon informelle, existent depuis des temps immémoriaux sous différents modèles des associations d’épargne et de prêt connues sous le terme en français de tontines.
La contribution se propose de comparer l’apport de leurs modes spécifiques d’inclusion financière au développement local solidaire par la dynamique de dette entre les participants.
D’un point théorique, l’analyse s’appuie sur la logique d’articulation de quatre principes d’intégration économique empruntés à Karl Polanyi : la réciprocité, la redistribution et l’autosuffisance faisant face à celui de concurrence. Leur mobilisation suppose une distinction entre solidarité et protection, cette dernière impliquant des formes de domination. Ces informations sont notamment renforcées par des enquêtes de terrain menées depuis la publication en 2006 de
Banquiers aux pieds nus en Inde du Sud, au Maroc, au Nicaragua et au Mexique.
Jean-Michel Servet est professeur d'études du développement à l'Institut de Hautes Etudes Internationales et du Développement (IHEID) à Genève.