1963-2018 - 55 years of Research for Social Change

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Conférence Infos: L'économie sociale et politique des soins



Les paramètres des soins et de l’assistance aux personnes se sont profondément modifiés depuis vingt à trente ans, à mesure que s’intensifiait l’arrivée des femmes sur le marché du travail dans les différentes régions, que les structures familiales se transformaient (avec une incidence plus élevée, dans certaines régions, de ménages avec enfants tenus principalement par des femmes) et que des changements démographiques, épidémiologiques et socioculturels créaient une demande nouvelle de soins et aboutissaient à une conception nouvelle de ce que devraient impliquer de “bons soins”.

Quand on pense aux soins et à l’assistance aux personnes, on pense généralement à des activités qui ont lieu à domicile, chez les intéressés, et dans les quartiers et qui sont structurées par les rapports de parenté et de voisinage: garde des enfants, soins et assistance aux adultes, qu’ils soient valides, faibles ou malades. Mais le travail non rémunéré des soins et de l’assistance aux personnes recouvre de nombreuses autres tâches–préparation des repas, ménage, lessive, vaisselle–qui prennent beaucoup de temps dans de nombreux pays pauvres où la population a peu accès à l’infrastructure appropriée et aux techniques qui permettraient d’économiser de la main-d’œuvre. De plus, ce travail qui était naguère effectué à la maison est de plus en plus assuré par l’intermédiaire du marché, de l’Etat et d’organisations à but non lucratif.

L’organisation des soins et leur répartition entre le ménage, le marché, l’Etat et des organismes à but non lucratif ont des incidences importantes sur l’accès à des soins satisfaisants et sur ceux et celles qui en assument la charge. Universitaires et militantes féministes ont souvent répété que la division actuelle du travail dans ce domaine était loin d’être équitable. Le problème qui se pose est plutôt celui de “l’absence de contrepartie” pour reprendre l’idée de certains économistes: en effet, certains individus et groupes sociaux (dans leur grande majorité, des femmes et des filles, surtout celles des ménages économiquement faibles) font le gros du travail tandis que le reste de la société profite des fruits de ce travail. Le fait que la majeure partie de l’assistance aux personnes n’est pas rémunérée ne veut pas dire qu’elle n’entraîne pas de frais. Les femmes et les filles qui assument la plus grande part des soins non rémunérés, ont moins de temps à consacrer à un emploi rémunéré, aux soins de leur personne, aux loisirs, à l’organisation et à la vie politique. L’économie politique et sociale des soins est donc centrale pour l’égalité entre hommes et femmes.

Si les questions de soins et d’assistance aux personnes font de plus en plus partie des programmes de recherche et des programmes politiques des pays industriels avancés, il n’en est pas de même dans le monde entier. Au cours du dernier quart de siècle, la recherche féministe sur les Etats-providence a produit une abondante littérature qui remet en question bien des postulats et limites de la littérature classique sur la politique sociale. Les soins et l’assistance aux personnes ont été au centre de ces débats. Cependant, cette recherche est surtout locale. Parmi les tendances qu’elle met en évidence, beaucoup ne sont pas universelles et les options politiques qu’elle envisage ne sont pas toutes transférables ailleurs. C’est particulièrement vrai dans un contexte de développement où le dispositif social est peu institutionnalisé. Les arrangements concernant les soins et l’assistance aux personnes dans les pays en développement n’ont pas reçu la même attention des universitaires que dans les Etats-providence. En réalité, on sait peu de choses des conditions dans lesquelles les soins et l’assistance aux personnes sont assurés dans les pays en développement.
  • Publication and ordering details
  • Pub. Date: 28 Jan 2010
    Pub. Place: Geneva
    From: UNRISD